Votre ASIC : sur place ou à importer ?

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Depuis la fin 2020, nous faisons face à une pénurie mondiale de semi-conducteurs, composants électroniques devenus indispensables pour de nombreux marchés tels que l’automobile, les smartphones ou encore les objets connectés.

Cette crise plurifactorielle venant secouer le marché mondial du semi-conducteur alimente le débat sur la possibilité d’une filière de fabrication européenne.

Les raisons de cette pénurie sont multiples : guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis, demande technologique accrue face à la pandémie de COVID-19, essor de la 5G, etc.

Elle est révélatrice de la dépendance de la France et plus largement de l’Europe en matière de semi-conducteurs : à l’instar des Etats-Unis, l’Europe a globalement fait le choix du modèle « Fabless » (avec des exceptions telles que les sociétés STMicroelectronics ou encore Siemens), préférant se concentrer sur la conception des puces pour laisser leur fabrication à des acteurs principalement asiatiques.

Ces fonderies et OSAT (Outsourced Semiconductor Assembly and Test) présentent aujourd’hui un niveau de charge remarquable qui impacte les principales industries, européennes notamment : les délais de production sont rallongés, la flexibilité est réduite, les prix augmentent, et les nouveaux produits expérimentent une incertitude particulière en terme de coût et de planning.

 

 

Notre dépendance manufacturing à des leaders mondiaux hors du territoire Européen questionne les choix industriels de notre économie et leurs conséquences.

Réaliser une puce électronique sur mesure (ou ASIC) made in Europe : un choix stratégique et possible

Pour certains industriels, la sensibilité d’une propriété intellectuelle peut être un frein à la sortie du territoire national. Il peut s’agir d’une application pour laquelle des précautions s’imposent (applications militaires, pour certains usages de l’aérospatial, etc.), et/ou s’agir de la valeur critique du contenu de l’ASIC en terme d’avantage concurrentiel ou d’exclusivité industrielle. Une filière de fabrication circonscrite à l’Europe permet de limiter les risques de fuite d’informations sensibles, de reverse engineering hors des frontières européennes ainsi que les problématiques d’import/export de biens matériels comme virtuels.

Jouer la carte européenne c’est aussi rechercher la proximité des partenaires, une communication plus fluide, un nombre d’intermédiaires restreint, ou une traçabilité simplifiée (rapatriements moins complexes, partenaires plus flexibles, audits ou contrôles sur place plus simples à entreprendre, etc.).

Par ailleurs, une puce électronique conçue et fabriquée sur le territoire européen peut présenter un avantage concurrentiel majeur pour un industriel souhaitant s’implanter sur un marché occidental soucieux de l’origine de ses composants (le poids du « Made In »).

 

 

L’Union Européenne a d’ailleurs décidé de s’engager dans un plan de relance 2021-2027 dont 145 milliards d’euros seront destinés au « Marché unique, innovation et numérique » avec pour ambition de produire 20% des puces électroniques dans le monde (soit le double de sa part de marché en 2020).

Le renforcement de sa filière semi-conducteur et la présence d’entreprises de pointe tout au long de la chaine de valeur donnent des arguments au choix d’une puce électronique 100% européenne. Mais notons bien que les filières européennes se défendent dans certains contextes mais ne s’envisagent pas dans d’autres. Par exemple, le procédé de fabrication visé est-il compatible avec une fonderie européenne ? Le volume de production est-il approprié ? Le budget de fabrication est-il cohérent avec le choix de canaux locaux ?

 

Filière Européenne du semi-conducteur : des acteurs clés

L’Europe dispose de partenaires solides et fiables pour la conception et la fabrication d’une puce électronique :

○ Des sociétés fabless, sans unité de fabrication, imaginant des produits (composants électroniques) pour différents marchés et sous-traitant leur fabrication ;

○ Des centres de conception, concevant des blocs de propriété intellectuelle ou des puces électroniques sur-mesure – à l’image de la société IC’Alps, partenaire européen basé dans la région Grenobloise ;

○ Des fonderies offrant de belles opportunités sur leurs sites européens pour certains nœuds technologiques stratégiques ;

○ Des entreprises concevant, fabriquant et vendant leurs puces électroniques ;

○ Des maisons d’assemblage et de test : partenaires de différentes tailles et domaines d’expertise permettant d’adresser petits, moyens et gros volumes sur notre territoire ;

○ Des partenaires spécialisés pour réaliser des opérations spécifiques de type bumping, post-traitement (découpe, amincissement, etc.), analyse de défaillance, etc.

 

 

Aussi, même si l’approvisionnement de matières premières est réalisé hors Europe, les opérations de transformation à forte valeur ajoutée peuvent être confiées sans difficulté à des entreprises françaises et européennes.

Par ailleurs, les récentes annonces de nouveaux acteurs fonderie sur le territoire européen pourraient élargir les capacités de notre territoire : partenaires non-européens prévoyant de s’implanter en Europe, fonderies qui ne fabriquaient jusque-là que leurs propres circuits annonçant une ouverture vers du service fondeur… Ces potentielles évolutions seront à suivre ces prochaines années.

 

Filières hybrides : la pertinence d’un compromis à l’échelle mondiale

Les géants asiatiques du semi-conducteur représentent pour nous, entreprises sans unité de fabrication, l’extraordinaire capacité de fournir à nos clients des puces électroniques à coûts, qualité, et dans des délais appropriés. Ce sont des partenaires précieux et puissants.

Concilier leur force de frappe et les qualités de l’industrie européenne (agilité, proximité) permet d’envisager des chaines d’approvisionnement sur mesure pour fabriquer chaque ASIC selon son propre profil.

Deux aspects sont à confronter pour faire les bons compromis :

Quelles phases de fabrication ont réellement intérêt à être conservées en Europe ?

L’évaluation précise du besoin d’une filière locale par phase de fabrication permet un arbitrage précis et segmenté.

La sortie du territoire est-elle acceptable ou problématique pour la conception, la fabrication des masques, des wafers, des opérations d’assemblage, de test ? Quelles données sensibles sont à préserver et jusqu’à quelle étape sont-elles accessibles ? Où s’arrête l’avantage concurrentiel à produire sur le territoire ?

Qu’est-ce qui est incontournable, et qu’est-ce qui ne l’est pas ?

Quelles sont les opportunités offertes par les partenaires locaux et mondiaux ?

Il s’agit là de mettre face à face les besoins du projet et les capacités et conditions proposées par les partenaires (locaux et hors du territoire). C’est une mise en balance de l’intérêt d’une fabrication européenne avec les inconvénients rencontrés par la filière.

Que proposent les partenaires locaux ? En comparaison, quels avantages trouverait-on à basculer sur des partenaires hors du territoire ? Quelles phases de fabrication présentent donc plus d’avantages à rester sur notre territoire qu’à bénéficier des conditions offertes hors de notre territoire ? Sur quels volumes et à quel prix ?

Les décisions sont ensuite prises sur la base d’une vision globale pour optimiser les flux en respectant les contraintes identifiées. On obtient une chaine d’approvisionnement hybride optimisée pour un produit : conditions commerciales, cohérence technique, et localisation stratégique.

 

L’une des forces d’un centre de conception tel que IC’Alps ? Réunir les partenaires les plus pertinents pour chaque circuit intégré sur-mesure.

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